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Alsace - Lorraine.

Le canal de la Marne au Rhin.


Nous venons de passer deux jour sur le canal des houillères de la Sarre avec un seul joli moment : le passage de l'étang du stock, mais là, très joli. Pour le reste nous étions assez déçus des paysages et espérons que le canal de la Marne au Rhin sera mieux.

Arrivant du nord par l'embranchement, nous prenons sur notre droite vers Nancy. Nous sommes le jeudi 14, il est 9h45, nous espérons bien être à Nancy vendredi midi pour faire une belle visite dans l'après midi.

Nous avons quitté Sarrebrucken lundi soir et somme descendu ici avec pour obligation de rendre le bateau chez Le Boat à Hesse lundi matin à 9 heures. Nous avons donc encore quatre jours devant nous. Nous sommes dans une zone de grands étangs que malheureusement nous voyons à peine à cause des digues qui sont très hautes. Ces étangs, bien que très grands ne suffisent pas à l'alimentation des canaux, le canal de la Marne au Rhin, côtés Est et Ouest et le canal de la Sarre. Voir plus bas "un ouvrage bien utile".


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Il y a devant nous deux bateaux qui ne vont pas bien vite, mais qui donne le rythme ? C'est Adrienne qui se traîne ! En fait, elle va à la vitesse réglementaire de 6km/h, nous l'avons vérifié au GPS, cependant les petits bateaux comme nous avons tendance à aller un peu plus vite, environ 8 km/h, car nous ne faisons pas de remous et c'est pour cela que la vitesse est limitée.

Adrienne c'est un magnifique bateau hôtel qui fait le trajet Strasbourg - Nancy et retour. Sur le pont supérieur, cuisines, salle de repas, salon et terrasse, le tout bien astiqué, au pont inférieur 6 ou 8 chambres de grand luxe. Le prix est à la hauteur, 3 à 5000€ la semaine en pension complète. Il y a 6 membres d'équipage, comprenant un chef qui réalise des repas gastronomiques.

Ainsi nous nous retrouvons derrière Adrienne pour passer la fameuse écluse de Réchicourt. Le bassin fait 15,40 mètres, c'est très impressionnant. Le sas est sous haute surveillance, barrières de sécurité, caméras, haut-parleurs et véritable tour de contrôle.

Une écluse sous haute surveillance.

Nous allons devoir attendre trois bons quarts d'heure, c'est le moment d'aller visiter les anciennes écluses. En effet ce gigantesque ouvrage remplace quatre écluses (n°6, 5, 4 et 3 qui sont déclassées), seule la première est facilement accessible et visitable dans le temps d'attente.

Adrienne est passée, c'est maintenant à nous. Lorsque vous entrez, l'éclusier vient superviser le positionnement des bateaux et aider à l'amarrage sur des bollards flottants qui descendent en même temps que l'eau. Puis il vous remet la télécommande magique pour ce tronçon de canal. Ensuite c'est la descente aux enfers !

Ensuite la porte se ferme et c'est la descente aux enfers !

Un grand "BANG" et la porte se lève lentement nous laissant découvrir le paysage qui reprend 15 mètres plus bas. C'est presque un soulagement de sortir de ce trou un peu frais.

Il est l'heure de la pause déjeuner, à ne pas rater, c'est important les repas dans une croisière digne de ce nom ! Nous nous arrêtons juste à la fin de l'ancien tracé ce qui me permet d'aller visiter la dernière écluse déclassée. Les installations sont réellement à l'abandon.

Aujourd'hui le soleil est de la partie et ne nous quittera pas de la journée, c'est bien agréable. Pendant le repas nous assistons à un combat aérien qui se termine par l'abandon d'un des deux belligérants.

Ce n'est pas le tout mais il faut avancer car notre programme reste ambitieux et nous avons perdu du temps ce matin derrière Adrienne ! Maintenant nous naviguons avec "Cerise" un petit "Eau claire 930" de la compagnie Navig-France qui, semble-t-il, n'a qu'une seule base, mais fort bien installée sur ce canal à Lagarde où nous allons passer.

Nous faisons une halte express à Lagarde, juste le temps de trouver du pain puis nous reprenons la navigation.

Les écluses ont ici un équipement particulier que je n'ai vu nulle part ailleurs. Sur la photo du centre, on voit avant d'entrer dans le sas un petit bras d'eau (ouvrage en béton) qui va jusqu'à l'avant du bassin et sur le fond à droite un bâtiment moche qui reçoit une ligne électrique. Il s'agit d'un système qui pompe l'eau en aval de l'écluse et la remonte en amont. Dans le bâtiment il y a une pompe qui fait un bruit d'enfer lorsqu'elle est en marche. Ceci permet de réguler finement le niveau du canal sans trop ajouter d'eau dans le bief de partage.


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Cette partie du canal est assez agréable nous allons pouvoir nous arrêter à Einville-au-Jard, un petit bourg calme où nous ne devrions pas trop souffrir de la route. Par contre nous ne pourrons pas faire d'eau, tant pis ça tiendra bien jusqu'à Nancy.

Nous arrivons en fin de journée sous une pluie d'étamines comme s'il neigeait.

Vendredi 15, nous avons pour objectif d'être à Nancy pas trop tard de sorte à pourvoir visiter tranquillement. Nancy est une ville que je connais peu pour y avoir juste fait un saut au cours d'une mission professionnelle. Pourtant on en dit le plus grand bien, cette insuffisance va pouvoir être réparée.

En terme de performance, la journée commence plutôt mal, arrivant à l'écluse, les portes se ferment devant nous et l'éclusier met les deux feux rouges. Cela signifie que ce n'est pas la peine d'attendre ! En fait, il a utilisé ce subterfuge juste pour nous faire stationner car nous voyons derrière nous Adrienne qui se pointe et passe dans le sas sous notre nez.

Explication; premièrement les bateaux de commerce ont priorité devant les bateaux de plaisance, deuxièmement, Adrienne avait réservé son passage la veille en indiquant qu'elle serait un peu avant 9 heures alors que les écluses ne sont pas encore ouvertes au public. Voila pourquoi nous devons attendre. L'équipage fait la tête !

Enfin, nous reprenons la navigation vers un endroit qui n'est pas le plue beau de la croisière. Nous sommes dans la région des salines et des mines de soude et autres produits bien sympathiques. Tout d'abord, la ligne droite de Dombasle puis l'arrivée sur Laneuveville !

Contraste saisissant entre le canal bucolique pour les touristes et le canal qui travaille.

Nous passons au-dessus de la Meurthe puis au loin se profile l'effrayante usine de soude située avant Laneuveville. Un bruit d'enfer, des fumées, des odeurs, des installations gigantesques et une noria de camions qui se rendent aux bassins de décantations (vue satellite). Nous pensions manger dans le coin, en fait le repas se fera à bord sans s'arrêter.


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Heureusement sur ces digues artificielles, la nature, avec le temps, finit par reprendre le dessus. Bientôt nous aurons des pentes verdoyantes qui cacheront ces bassins entièrement construits pour l'usine d'à côté.

L'intérêt du canal, c'est aussi cela, avoir un point de vue sur la région que nous n'aurions pas depuis la route. En effet ces installations sont judicieusement placées loin des grands axes. Cependant nous sommes heureux de quitter ce site pour approcher de Nancy. Pour autant nous devons encore nous payer juste après l'écluse de Laneuveville-devant-Nancy, une belle friche industrielle.

Sur cette partie du canal, preuve qu'il y avait un trafic important, les écluses sont doubles (deux sas côte à côte), de Dombasle à Nancy soit 4 écluses, bien entendu, aujourd'hui, un seul sas est entretenu. Cela permettait d'avoir un bateau montant pendant que l'autre descendait. Autre particularité, dans cette région les ingénieurs de VNF ont construit des portes arrondies là où les portes habituelles sont droites et placées en épi (voir les anciennes portes). Ce sont de belles pièces de chaudronnerie dont je ne vois pas réellement l'intérêt mais bon, sans doute y a-t-il un bénéfice à faire comme cela.

Avant d'arriver nous aimerions bien pouvoir approvisionner du COCA Zéro (je vous rassure, ce n'est pas pour moi) ainsi que du vin. Nous avisons un Intermarché fort bien situé près de la berge mais son parking semble bizarrement désert, pour un vendredi ce n'est pas normal. Un passant nous informe qu'il est fermé depuis les graves inondations du mois de mai qui ont touché la ville de Nancy. Cela nous évite d'amarrer pour rien.

Un peu plus loin c'est un Auchan accessible depuis la berge qui va nous dépanner. Enfin nous arrivons à Nancy vers 16 heures, nous avions raison de ne pas trop traîner.

Vu sur la carte, le port de Nancy semble grand mais en fait il n'y a que trois pontons aménagés et ils sont blindés ! Après négociations avec la capitainerie nous allons nous mettre à couple d'un autre bateau dont le propriétaire apprécie moyennement, les bateaux de location ont mauvaise réputation dans les ports. Il est vrai que les touristes de passage sont souvent peu respectueux des installations et des résidents. Ce n'est pas notre cas.


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Vu sur la carte, le port de Nancy semble grand mais en fait il n'y a que trois pontons aménagés et ils sont blindés ! Après négociations avec la capitainerie nous allons nous mettre à couple d'un autre bateau dont le propriétaire apprécie moyennement, les bateaux de location ont mauvaise réputation dans les ports. Il est vrai que les touristes de passage sont souvent peu respectueux des installations et des résidents. Ce n'est pas notre cas.

Le port de plaisance nous place à 500 mètres des portes de la vieille ville, cela nous permet de partir en balade sans perdre de temps. Bien entendu nos pas nous mènent à la très fameuse place Stanislas. Stanislas "le bienfaisant" à qui la Lorraine est reconnaissante. Il a sa statue au beau milieu de la place.

Cette place est surprenante car malgré sa dimension majestueuse (environ 200x150 mètres), elle garde une forme d'intimité. Cela est certainement du au fait qu'elle est close de toutes parts et même, close par de grands portails. Les dorures on aime ou on n'aime pas mais il faut reconnaître que ça a de la gueule.

Je dois préciser ici que cette place est dangereuse pour vos cartes bleues, en effet elle est cernée par des boutiques de cristaux, spécialité régionale. Il y a même une boutique BACARAT ! Alors faites comme moi, n'emportez pas votre CB, prenez juste l'appareil photo.

Nous finissons cette belle journée par un restaurant médiocre dont je tairai le nom puis de nouveau une visite de la place Stanislas dans la lumière du soir.

Ci dessus au centre, la version minimaliste du bateau de rivière pour amateurs convaincus. A l'avant sous la tente, la chambre, au centre le salon salle à manger terrasse, et à l'arrière le cockpit. Enfin, tout autour la salle de bain !

L'hôtel de ville.

Ce n'est jamais agréable de faire demi-tour, c'est pourtant ce que nous devons faire ce samedi 16 juin. Heureusement, en fin de croisière il nous reste encore quelques ouvrages particuliers à découvrir et cela maintient notre intérêt en éveil. Par contre, une fois de plus il nous faut avancer sérieusement. Adrienne est restée à quai à Nancy c'est toujours ça que nous n'aurons pas dans l'étrave.

Nous avançons plutôt bien jusqu'à 10 heures, nous repassons la Meurthe avec dans le fond l'incroyable Basilique de Saint Nicolas-de-Port puis laissons derrière nous les installations de la soudière.

A 10h20 nous sommes à l'écluse n°25 qui tombe en panne ! Moi qui disais que ce système marchait bien je reprends mon compliment. Nous sommes dépannés assez rapidement, le technicien a juste à couper et remettre le courant, comme pour votre PC lorsqu'il est planté. Nous faisons la pause déjeuner après l'écluse 22, nous avons déjà fait 16 km.

C'est le jour du Parmentier de confit de canard, recette que nous avons découverte à La Gacily aux enfants gat'thé lors de notre voyage entre Redon et Josselin. Tout le monde se régale !

Malgré tout le repas est expédié en une heure et nous reprenons pour enchaîner les écluses jusqu'au soir !

Comme cela se produit assez souvent, notre passage dérange un héron, il décolle lentement puis va se poser quelques dizaines de mètres plus loin, mais le bateau avance, il doit recommencer à s'éloigner, et cela peut durer assez longtemps ...

Grosse journée, à 19 heures nous avons fait 48,5 kilomètres et passé 15 écluses. Nous arrêtons après Lagarde au ponton d'attente de l'écluse n°12. Il y a déjà un bateau à cet endroit qui, comme nous, doit vouloir passer demain à la première heure. Et bien non, notre venue le dérange, il va stationner plus loin en nous expliquant qu'il n'est là que pour le week end et veut être au calme. Pourtant nous ne sommes pas des voisins bruyants, encore que ... ce soir là nous avons répété la syllabe "A" des "sons tibétains qui guérissent".

Dimanche 17, c'est hélas le dernier jour, nous mettons en route à 8h30 et passons l'écluse à 9 heures. Vers 11 heures nous sommes revenus à l'écluse n°2 avec son bassin de 15 mètres, même averti, cela reste impressionnant de rentrer dans ce caveau frais et humide. Le sas est près, nous allons passer ce dénivelé en moins de 25 minutes.

Dimanche 17, c'est hélas le dernier jour, nous mettons en route à 8h30 et passons l'écluse à 9 heures. Vers 11 heures nous sommes revenus à l'écluse n°2 avec son bassin de 15 mètres, même averti, cela reste impressionnant de rentrer dans ce caveau frais et humide. Le sas est près, nous allons passer ce dénivelé en moins de 25 minutes.

En bas comme en haut de l'écluse, sur les terre-pleins, des barbecues sont installés de sorte à permettre aux vacanciers de patienter dans de bonnes conditions. VNF a fait les choses bien, il faut dire qu'en saison, l'attente doit pouvoir durer plus d'une heure.

L'écluse n°1 est déclassée, il n'y a plus de portes au sas et une déviation permet de se croiser. Nous sommes revenus sur le bief de partage et il ne tient qu'à nous "d'avaler les kilomètres" pour aller voir le fameux plan incliné !

Nous faisons la pause déjeuner à Gondrexange où nous voyons passer un drôle de trimaran magnifiquement transformé en pénichette mais voyons aussi notre première péniche marchande qui travaille encore. Les agents de VNF nous ont dit qu'il y a encore aujourd'hui 4 péniches qui travaillent sur ce canal. Enfin passons une dernière installation minière vers Héming puis arrivons à Hesse, la base Le Boat que nous devrons rejoindre ce soir.

Pour le moment nous dépassons la base, il nous reste encore quelques kilomètres avant d'atteindre les souterrains et la plan incliné. Le chenal se rétrécit, l'excitation monte à bord, cela sent l'approche des souterrains. Nous allons passer deux souterrains, l'un de 475 mètres l'autre de 2306 mètres. Ce n'est pas une expérience ordinaire.

Ce qui est très impressionnant de ces tunnels c'est qu'ils sont parfaitement rectilignes. En entrant on voit le petit point lumineux de la sortie ... 2 kilomètres plus loin. En plus ils sont parfaitement horizontaux, en 1839, sans visée laser, il fallait quand même le faire ! Et oui, s'ils n'étaient pas parfaitement plats, cela ne fonctionnerait pas car l'eau ne resterait pas.

Les passages sont surveillés par un poste de contrôle qui observe les passages à l'aide de caméras, les feux rouges permettent de réguler le trafic. Ainsi nous sommes arrêtés entre les deux souterrains puis nous reprenons pour passer le second qui est le plus long. Un bon moment de concentration pour ne pas toucher les bords dans ce long boyau peu éclairé et froid. A la sortie je suis gelé !

Lorsque nous sortons du second tunnel il est presque 16 heures, ce ne serait pas raisonnable d'aller jusqu'au plan incliné, nous risquerions de nous retrouver bloqués ce soir à la fermeture de la régulation des souterrains et de ne pas rendre le bateau en temps et en heure, cela ne se fait pas ! A regret nous faisons demi-tour pour rentrer à la base. Nous irons voir le plan incliné demain en voiture.

Contents de leur journée les touristes ? Ca à l'air, nous revenons dans la lumière de fin d'après midi à la base de Hesse qui est assez conséquente, Le Boat doit avoir ici à peu près 40 bateaux et est fort bien installé avec des ateliers qui permettent de faire tout l'entretien des bateaux. Nous arrêtons le moteur à 18h15.

Dans cette belle lumière de la fin de journée, je ne résiste pas au plaisir des faire quelques photos de ce vieux bateau hollandais qui est stationné ici. Nous allons passer une dernière nuit à bord puis rendre le bateau demain matin à 9 heures. D'ici là il faut récupérer la voiture que nous avons laissée en Allemagne. Et oui, dans le cas d'un "aller simple", au départ il faut aller placer une voiture à l'arrivée et à l'arrivée il faut récupérer la voiture laissée au départ ! Ca parait compliqué mais en une semaine de bateau nous n'avons fait qu'une heure de route pour une voiture.

Voila notre croisière terminée, j'ai bien aimé ce canal de la Marne au Rhin, un peu moins celui de la Sarre que nous avons fait les jours précédents. Cependant ce sont les installations et les villes qui sont intéressante, plus que les paysages qui sont franchement quelconques. Par contre il faut noter que l'accueil est toujours très agréable dans cette région.

En 6 jours nous aurons fait 50 heures de navigation (c'est pas la semaine de 35 heures), 40 heures moteur (comme on paye les heures moteur, j'arrête assez souvent dans les écluses), 241 kilomètres à une moyenne de 4,8 km/h et passé 73 écluses. Nous avons monté 81 mètres sur le canal de la Sarre, descendu puis remonté 70 mètres sur le canal de la Marne au Rhin. C'est probablement mon record pour une semaine !


La fine équipe :

Le timonier en formation
et médecin du bord.

Son épouse.

Le "Second".

Son épouse.

Le "Pacha".

Son épouse.

Et la doyenne qui ne rate
jamais une de nos croisières.

Photos :
Jean Pierre Madelenat
Philippe Berthaume.

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Les loueurs :

PhB 2012 07 10